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Chroniques de Niabea de Cadrienia
Chroniques de Niabea de Cadrienia
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Chroniques de Niabea de Cadrienia
29 avril 2006

La Geste des Tisseurs

Par Desdemone

La brume épaisse couvrait les frontières du pays d'Ulardon. Le royaume clair qu'il avait été, disparaissait lentement, morcelé par des marécages infâmes et putrides, ou les pires dangers guettaient le voyageur imprudent.
Les illusions créées par les mages et leur maîtresse pour cacher cet état à leurs voisins se dissipaient peu à peu, alors qu'ils devaient canalyser toute leur force dans les combats qu'ils lançaient aux quatre coins de l'île contre les effrontés qui avaient défié les tisseurs. Seul recours encore viable et ne demandant que peu d'énergie, maintenir la brume sur le royaume, chape de plomb d'ou rien, ou presque, ne filtrait.
L'ancienne citée bleue n'avait d'enchanteur que la magie qui iradiait d'elle. Sa splendeur d'entan était morte, et le bleu turquoise qui la teintait c'était transformé en noir verdâtre.

Toutefois, un calme relatif avait gagné les lieux. Les ennemis semblaient redouter franchir les frontières inconnues, et seul mouvement, l'armée des non-morts qui sortait de la brume, anonciatrice de prochaine désolation sur un ennemi repéré. Une froide cruauté émanait des lieux, lame vengeresse tranchant les gorges sans procès ni avertissement.

Pourtant, il fallait se rendre dans le lieu sacré, dans les forêts de Saoriandra.

La sombre charette dans laquelle sont généralement empilés les morts suite aux batailles est attelée. Un Ankou, la faux luisante, dans une toge d'un noir de jais, attend sa maîtresse. Deux chevaux noirs sont attelés à la charette : Le premier, maigre, efflanqué, se tient à peine sur ses jambes. Celui du limon est gras, le poil luisant, et franc du collier. Deux Ombres mènent le cortège et ouvrent la voie, au pas.

Enfin la dame fait son apparition. Sa robe bleuté, dénote complètement avec l'ambiance des lieux, faisant ressortir son teint cadavérique. Une tiare dorée, éclatante, garnie de rubis et d'émeraudes, seind son front, alors que dans sa main droite, elle arbore un long sceptre noir de pouvoir.
A pas feutré, elle prend place sur la charette, debout, derrière l'Ankou, et le cortège maccabre se met en marche, pour finalement s'enfoncer dans la brume de la bordure.

- Mettez l'illusion en place, et vous la maintiendrez de concert. Puisez en vos frères autant que nécessaire, elle doit perdurer jusqu'à notre retour.

Les deux Ombres qui arborent à présent une forme humaine se tournent vers leur maîtresse pour incliner la tête en signe d'acquiescement, avant de continuer leur route, suivis du char, en murmurant des incantations pour envelopper tout le groupe.

Bientôt, ils arriveraient à la frontière, bientôt, le véritable voyage débuterait.

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