Voyage en Nyléria
Par Niabea
La
houle soulevait légèrement l’avant du bateau, tandis que, portés par
des vents marins favorables, Higan et Niabea s’approchaient lentement
des rivages de Nyleria. Le Tisseur regardait pensif l’écume se formant
dans leur sillage, lorsque son ami, le Seigneur d’Ishis, était venu lui
parler de ce petit voyage « entre amis », comme il le l’avait lui-même
annoncé, il ne s’était certes pas attendu à se retrouver sur une autre
île, en vadrouille. Légèrement désabusé il se tourna vers son
compagnon. Ce dernier regardait la côte proche, un sourire aux lèvres,
Niabea secoua la tête : son ami avait toujours aimé explorer des
territoires nouveaux. Mais c’était bien la première fois qu’il
l’embarquait ainsi dans ses folles aventures… A sa connaissance Higan
n’était allé qu’en Teliarok jusqu’ici, c’était donc la deuxième île
qu’il entreprenait de visiter. Niabea se leva et fit quelques pas, puis
il se retourna.
- Pardonne moi Higan mais… j’avoue ne toujours pas comprendre…
Son visage reflétait vraiment sa perplexité, il fit un geste du bras, trahissant légèrement son agacement pour pousser son ami à parler.
- Allez… Explique moi ce que nous faisons ici !
Higan se retourna un sourire aux lèvres.
- Et bien… Nous allons faire du… tourisme !
Niabea détourna la tête, dieu qu’il pouvait l’énerver quand il jouait ainsi à l’idiot. Désireux de ne pas montrer son désarroi il alla vers l’avant du navire. Là se trouvait un marin, regardant lui aussi la terre proche. Le jeune homme engagea la conversation.
- Vous connaissez Nyleria ?
Le marin hocha la tête.
- Non mon seigneur… C’est bien la première fois que je mets les pieds aux abords de cette île…
Décidemment je ne saurais rien de cette île avant d’y avoir accosté, pensa Niabea. Le tonnerre lui répondit et une grosse averse s’abattit sur le navire, trempant instantanément tous ses occupants. Levant la tête vers les cieux Niabea ouvrit la bouche, y recueillant quelques gouttes de la pluie.
- Bon dieu Higan… Même les cieux ne veulent pas de nous par ici…
Mais il devrait garder ses doutes pour lui-même, car, peu à peu, la mer grossissait, et avec elle les vagues qui venaient battre de plus en plus violemment contre la coque de bois. Une vague sans doute plus grosse que les autres faillit même renverser le navire qui paraissait bien frêle face à la furie des éléments. Niabea se cogna contre la rambarde et faillit passer par-dessus bords. Heureusement une main le rattrapa, Higan se tenait là, lui montrant de sa main libre l’île de plus en plus proche.
- Vois mon ami… L’aventure nous attends…