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Chroniques de Niabea de Cadrienia
Chroniques de Niabea de Cadrienia
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Chroniques de Niabea de Cadrienia
29 avril 2006

La Geste des Tisseurs

Par Niabea

La lente progression au sein des méandres du marécage avait considérablement assombri l’humeur du jeune Niabea. Lui de tempérament si joyeux et de nature si ouverte n’avait plus guère adresser la parole à ses compagnons depuis de longues heures déjà. Le danger omniprésent cristallisait la tension de manière quasi palpable. A l’avant de la petite troupe Skuik et Desdemone sondaient de leurs pouvoirs occultes la lande putride, mais, malgré leurs immenses talents, l’avancée se faisait pas à pas et à une lenteur sui désespérait l’impulsif Seigneur de Cadrienia. La sensation à la fois diffuse et tenace de voir son âme dépérir sous les assauts perfides du triste paysage le rendait même agressif. Ses vertes prairies lui manquait un peu plus à chaque nouveau pas et il se surprit même à regretter le temps de l’enfance où la guerre, bien loin de son atroce réalité, n’était encore qu’un jeu d’enfant dans lequel il affrontait à l’épée de bois Galeat son ami de toujours dans de longues joutes qui duraient jusqu’au soir. Il leva les yeux vers le ciel alors que la nuit commençait à tomber et que la fin du marécage semblait plus loin que jamais. Il remarqua avec un contentement infantile que seul le ciel n’avait pas changé durant toutes ces longues années et cela le rassura.

Il eut alors l’image de temps futurs sereins et paisibles que la lumière de Mystra aurait amenée avec l’aide des Tisseurs réunis. Orson lui avait déjà parlé autrefois des visions qui pouvaient habiter les élus de la déesse, mais, seul véritable humain de l’ordre, Niabea était, tout comme les gens de sa race, peu réceptif à ce genre de manifestations. Pourtant il n’oubliait pas le temps de sa conversion où la déesse de mystères lui était apparue pour le guider vers son véritable destin. Depuis ce temps passé le jeune homme prenait garde à ne pas négliger les messages cachés en ses songes. Non qu’il les considérait tous comme issus de Mystra, certes non, mais le sentiment d’être un élu de la déesse et le fait de raviver le souvenir de sa révélation lui redonnait continuellement vaillance et le renforcer dans ses convictions les plus profondes. L’espoir d’un avenir meilleur pour Ekarys fut ainsi une telle poussée d’adrénaline pour le cadet des Tisseurs qu’il porta son cheval à l’avant bien décidé à soutenir au moins de sa présence morale l’effort magique terrible que soutenait Skuik et Desdemone depuis bien longtemps déjà.

Il resta ainsi avec eux à l’avant lorsque laissant son regard dériver dans l’océan de brouillard qui leur faisait face il remarqua au loin dans la brume comme une masse imposante bien qu’encore très diffuse. Le jeune Seigneur allait ouvrir la bouche pour prévenir ses compagnons quand il remarqua la présence d’Orson à ses côtés. Le patriarche des Tisseurs que Niabea avait cru endormi pendant la plus grande partie du voyage perçait les ténèbres de son regard d’aigle. Un murmure sortit de ses lèvres.


- La cité perdue d’Alderaïn…

Niabea, interloqué voulut questionner son mentor mais celui-ci avait déjà repris la parole proposant un arrêt en ces lieux pour la nuit et afin que Skuik et Desdemone se repose de leurs éreintants efforts. Personne dès lors ne posa de question et la petite compagnie se dirigea vers l’obstacle sombre que Niabea avait deviné plus tôt.

La première chose qui perça la nappe de brume qui recouvrait le marécage fut la masse imposante d’une tour. Et, tandis que le groupe avançait de nouvelles formes surgissaient du néant donnant peu à peu naissance à une véritable ville fantôme. Tandis que les Tisseurs progressaient en silence à travers ce qui semblait être la rue principale les pavés recouvrant le sol permirent au Seigneur de Cadrienia d’aller un peu en avant des autres pour reconnaître les lieux. Pas âme qui vive aux alentours tandis que flottait dans l’air l’odeur tenace et lancinante de la tourbe et, à travers elle Niabea en était persuadé, l’odeur de la mort.

Soudain, alors que rien ne l’avait laissé présagé le vent se leva chassant dans son sillage le voile blanc qui recouvrait auparavant le paysage. La vision qui s’offrit alors aux regards des Tisseurs marqua durablement l’esprit du jeun homme. Sous la brume la cité abandonnée était certes oppressante, mai, sous la clarté des derniers rayons du jour le petit groupe constata avec horreur que la ville n’avait pas été désertée par ses habitants…

De toutes parts et en tout lieux où la vue des Tisseurs pouvait porter des cadavres gisaient à même le sol dans des postures et en des accoutrements ne laissant guère de doute sur l’origine de leurs morts. Un terrible affrontement avait eu lieu ici. Une dernière bourrasque fit disparaître enfin les derniers lambeaux du brouillard. Et un fait frappa Niabea, les cadavres semblaient tous porter le même blason. Contre qui s’étaient ils donc battus ? Des fresques barbares attirèrent son attention sur un mur proche. Il porta la main à sa bouche pour contenir un cri et jetant un regard circulaire sur les murs alentours remarqua avec effroi que tous étaient porteurs des mêmes signes. Il n’y avait désormais plus aucun doute dans l’esprit du jeune Seigneur. Soudain des ombres s’agitèrent dans une ruelle annexe puis disparurent rapidement. Niabea serra les dents sortit son arme et attacha son cheval. Se mettant en garde il scruta l’endroit où il avait il y a peu surpris de façon furtive des ombres. Soudainement il aperçut une face hideuse qui le regardait au loin. Il eut un mouvement de recul mais aussitôt il se mit en garde et hurla à l’adresse de ses compagnons :


- Des Trolls !!

Il n’eut le temps que de se baisser pour éviter le premier coup que lui portait une de ces atroces choses. Se reculant il para le deuxième et flanqua sa torche dans le visage de la créature. Avec un cri terrible celle-ci chargea. L’épée à la main et se protégeant à l’aide de son long bouclier Niabea tenta de contenir l’assaut. Bien mal lui en prit car sous le choc il fut jeté à bas puis projeté contre un mur proche. L’impact fut terrible et sonna quelque peu le jeune Tisseur. Encore chancelant et s’appuyant sur sa lame pour se redresser et faire face à son opposant il vit que six ou sept autres de ces monstres le dépasser pour se diriger vers ses compagnons. Avec un cri de rage le jeune Niabea chargea à son tour et, profitant de l’inattention de son opposant lui taillada la jambe droite d’un coup puissant. Surprit, le Troll chuta et Niabea d’un geste plein de colère lui enfonça sa lame dans le poitrail jusqu’à la garde. Le troll, fou de douleur frappa violemment le jeune Tisseur et celui-ci ne du son salut qu’à l’excellente qualité de son bouclier héraldique qui résista malgré le choc terrible qu’il avait enduré. La créature s’effondra alors à terre vaincue. Mais Niabea n’en avait cure car il était sans nouvelles aucune de ses compagnons et détachant son cheval il sauta en selle et le lança au galop pour rejoindre ses amis. 

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